Vincent Olinet, La tentation domestique
Hôtel de France, le canal Saint-Félix et le Temple du Goût
Le Voyage à Nantes
2020

Vincent Olinet situe ses sculptures, installations et vidéos dans des dispositifs immersifs dont les thèmes centraux sont l’écoulement du temps et le rapport à l’espace. Alors que l’ensemble de son œuvre s’inscrit dans la continuité des natures mortes des maîtres flamands du XVIIe siècle, le visiteur est confronté à des objets aux allures baroques et exubérantes, dont le fini est toujours approximatif, le raffiné en déperdition, les canons de beauté classiques non respectés. Chaque œuvre est l’occasion pour l’artiste de s’approprier des objets, usuels et domestiques, issus de la culture populaire qui constituent aujourd’hui l’histoire des arts décoratifs.

S’imprégnant de différents styles, du maniérisme au romantisme, l’artiste imite le résultat de savoir-faire traditionnels d’artisans d’art avec des matériaux pauvres contemporains (silicone, résine, encre...) qu’il allie à des matériaux bruts (bois, papier, tissus...). Sans volonté d’acquérir ou de copier spécialement une nouvelle technique qui lui imposerait de se soumettre aux gestes minutieux et laborieux de l’artisan, Vincent Olinet s’emploie pourtant tour à tour à la couture, à la tapisserie, à la broderie, aux arts de la table, à la pâtisserie, à la marqueterie, pour reproduire ce qui dans l’imaginaire collectif est à priori estimé bienfait, beau et noble. De ce riche ensemble, composé notamment d’énormes et riches gâteaux qui sous le poids de leur nappage s’affaissent, de plaques de marbres en trompe-l’œil, de tapisseries trop rapidement exécutées de coups de pinceaux, de vaisselle donnant l’illusion de cristal qui fond alors que lentement les fleurs se fanent et que les fruits pourrissent, émane une impression de faux-semblant et de bon goût mis en cause, entraînant une fascination enjouée et complice chez celui qui regarde.