Sylvie Auvray
Le Consortium, Dijon
2010

Des objets, des figurines un peu cheap mais attendrissantes, des jouets perdus, des tableaux de lapins géants, le glossaire plastique de Sylvie Auvray ne semble que recouvrir une part d’enfance un peu oubliée ! À priori. Mais avant tout il est question de trajet. Ces objets qu’elle entasse, ces images qu’elle recrute au hasard — pas vrai, totalement non plus — et ces bouts d’images trouvées sur internet constituent une grille de son « image absolue ». Un voyage en soi. N’entendez pas une image indépassable, mais la reconstitution d’une mémoire, un bout qui aurait voyagé au travers les filets d’un paysage qui ne s’appréhende plus si frontalement. Si Sylvie Auvray se déplace, à Los Angeles souvent, elle n’emplit pas ses bagages de cartes postales pour les retraduire, mais se transforme en dame de compagnie d’objets qu’elle choisit pour les ranimer d’une autre vie. Une figurine trouvée sur un site de vente en ligne renait en puisant une nouvelle force dans sa mutation en céramique émaillée d’or. Une piscine à la Hockney redécouvre une nostalgie animée sur grand tableau. Ainsi de suite. L’image retrouve une dignité, contemporaine, et s’échappe de sa catégorie initiale, le kitsch, la mélancolie, l’oubli… Ce bestiaire semble désormais épanoui d’avoir retrouvé d’autres amis, parmi lesquels se débattent des formes connues.
De ce fait, la couleur — peinture de bâtiments, acryliques pour enseigne des devantures de boutiques américaines – à opérer une retape au-delà d’une belle convalescence.

Fabrice Paineau