Sven ‘t Jolle, Sans papiers
SMAK, Gent
11.11.05-07.01.06

Pour cette exposition, ’t Jolle s'inspire de la culture de la représentation la plus ancienne, qui trouve ses racines au Moyen-Orient. En suivant les traces des toutes premières écritures sur tablettes d'argile, il a établi le lien avec les « sans papiers », avec la circulation illégale de l'héritage culturel et avec la controversée Constitution européenne. Cette thématique est traitée sous différentes formes par une présentation muséale et par une installation dans la ville. Les sculptures présentées dans le musée ravivent par leur présence, innocente et apparemment silencieuse, les souffrances pourtant d’une actualité brûlante. L'infiltration au niveau de la ville se base plutôt sur la symbolique figurative du catholicisme et évoque la circulation des réfugiés lancée par la globalisation. Cette intervention se déroulera dans un quartier gantois durant la période de Noël. L'oeuvre de Sven ’t Jolle se caractérise par un mélange d'éléments historiques, politiques et sociaux exprimés dans un langage imagé entièrement personnel. Ces différents ingrédients confèrent à ses oeuvres plusieurs niveaux qui peuvent être découverts ou « lus » par le spectateur. Cette présentation se retrouve aussi clairement ici, dans cette exposition. Ses sculptures en plâtre s'inspirent des statues votives issues des plus anciennes civilisations du Moyen-Orient antique. Des statues votives originales identiques figurent parmi les collections des grands musées d'histoire de l'art classique en Europe. Sven ’t Jolle insiste sur la présence de ces statues dans les musées et, par extension, sur l'usurpation de l'héritage culturel des nations non européennes par les musées occidentaux en question. Il n'y a pas qu'au 19e siècle et au début du 20e siècle que les grands musées européens ont rassemblé des collections d'une richesse inestimable suite au pillage archéologique ou colonial des pays du Moyen-Orient. Aujourd’hui encore, le « permis de séjour » de l'héritage culturel dans les musées étrangers reste une problématique actuelle. Les statues ayant été, en toute illégalité, dérobées à leur pays d'origine et celles-ci ne disposant pas de papiers valables.